Après huit années de crise militaro-politique, notre pays, la Côte d'Ivoire, est à quelques encablures des élections présidentielles. Ces élections, a n’en point douter, constitue le gage d’une paix définitive.
Toutefois, si cet horizon est porteur d’espoir, il n’en demeure pas moins que le chemin pour y arriver est déjà porteur de nuages. La présence dans les zones CNO de soldats des FN toujours en armes, combinée à la résurgence dans le débat politique de propos haineux entretenus par certains candidats, constituent un environnement qui menace l’accalmie que nous connaissons actuellement.
De plus, malgré la neutralité apparente affichée, les responsables des FN ne nous rassurent pas dans leur discours. Nous en voulons pour preuve la récente visite à Danané du Ministre du Tourisme et de l’artisanat, M. Sidiki Konaté, l’un des responsables des forces nouvelles.
Si le message officiel tenu dans la salle de fêtes de la Mairie est un appel à l’apaisement, il n’en est pas de même pour les entretiens à huis clos qu’il a eu avec les FN de Danané.
De source bien autorisée, il aurait battu le rappel des troupes pur une veillée d’armes au soir du 31 octobre 2010, date des élections présidentielles.
Aussi, avions-nous été informé de la présence de troupes armées dans certaines de nos forêts dans la zone frontalière de la Guinée.
Si ces informations, à ne pas prendre à la légère, s’avéraient fondées, il apparait évident qu’il y a anguille sous roche.
Le climat de paix relative qui a prévalu depuis la signature de cet accord est menacé. Et cette situation ne peut que renforcer le sentiment de peur déjà très diffus au sein des populations.
Dans cette zone contrôlée par l'ex-rébellion, il est très difficile d'envisager un lendemain serein d’élection.
Aussi, recommandons nous que les acteurs locaux et internationaux se mettent d'accord sur un nouveau plan de sécurisation pour les élections dans les zones CNO et précisément à Danané. Ils doivent se servir de ce plan pour renforcer la confiance de la population et engager un dialogue franc avec les responsables politiques et administratifs des FN.
Le plan de sécurisation actuel est insuffisant car basé sur une force mixte ivoirienne issue pour moitié des Forces de défense et de sécurité (FDS) et pour l'autre des FN. Cette force mixte, doit être appuyée par un contingent des FDS qui pourrait être basé à Zouan Hounien, zone gouvernementale et éventuellement l'ONUCI, qui dispose de capacités de police suffisantes. Il nous appartient de combler, ces vides.
Nous recommandons également :
· aux Ministères de la défense et de l’intérieur :
de Garantir la sécurité de l'ensemble des populations du Grand Ouest en y augmentant le nombre de membres des forces de l'ordre. Ces renforts doivent recevoir un ordre de mission précis afin de ne plus être passifs.
· Au Premier ministre et secrétaire général des Forces Nouvelles (FN), Guillaume Soro :
a) de poursuivre les pressions sur les responsables politiques et militaires des FN pour accélérer le désarmement dans leur zone, afin de renforcer la paix et la confiance.
b) aller à la rencontre de certaines autorités locales, notamment les maires des grandes communes qui ont une expertise unique du terrain qu'ils administrent. Prendre en compte leurs avis et conseils.