Les grands axes du Message de gbagbo à Man
Aujourd’hui, c’est le début officiel de la campagne électorale et je suis devant vous ici à Man, en train de faire mon premier discours. Je suis ici parce que l’Ouest a perdu beaucoup dans cette crise, en particulier un homme, mon frère, mon ami Gueï Robert, qui est l’une des grandes victimes. Il a été chef d’Etat-major de l’armée, ministre et Chef d’Etat. Cette région a donc payé le prix fort dans cette crise. Les hommes tombent mais les survivants doivent avancer.
Si je commence à Man, chez les Dan et à Guiglo, chez les Wê, ce n’est pas un hasard. C’est parce que cette zone à beaucoup souffert de la guerre. C’est là qu’il y a eu beaucoup de souffrance, donc c’est là qu’il faut le plus pardonner. Je vous souhaite de rester dans le même état d’esprit. S’il s’agit réellement d’élections, nous allons gagner. Il y aura de la provocation de la part de nos adversaires, mais ne tombez pas dans les provocations de ceux qui ont déjà perdu. Continuons sur le chemin de la paix pour la Côte d’Ivoire. Tel est mon premier message.
Mon deuxième message concerne la lutte contre le chômage. La plupart des jeunes réunis ici n’ont pas d’emplois. Il en existe 4 millions en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi, j’ai décidé de mettre en œuvre une politique de plein emploi dès ma réélection. Comment allons-nous faire pour créer ces emplois ?
Je me méfie toujours des gens qui disent : « Je sais chercher l’argent, je vais aller le chercher pour vous l’envoyer. » On ne donne pas l’argent comme cela. Quand quelqu’un te donne 500.000 F CFA, c’est parce qu’il y a pour lui dedans. Quand les cadres de l’Ouest me remettent 20 millions pour ma campagne, c’est parce que parmi les 14 candidats que nous sommes, je suis celui qui fera l’affaire de la région des 18 montagnes. Pour ma part, je vais vous donner du travail pour que vous gagniez vous-même votre argent.
Nous sommes le premier producteur mondial de cacao. Nous allons doubler notre production en la portant à 2 millions de tonnes. Cependant, il nous faut des usines pour sa transformation. Je m’y emploierai. Cela permettra de créer deux lignes d’emplois : Les parents travailleront dans les plantations de cacao pendant que les jeunes seront dans les usines pour la transformation. Telle est ma première proposition. Ma deuxième proposition, c’est de vous inciter également à produire du riz en quantité. J’ai déjà négocié avec des brésiliens pour implanter en Côte d’Ivoire, des usines pour monter des machines agricoles. Les jeunes utiliseront ces machines pour cultiver le riz à grande échelle. Je veux que le planteur du riz soit aussi riche que le planteur de cacao. Je ne veux plus que les jeunes soient désespérés.
Je ne veux plus que les jeunes lavent les marmites pour avoir un peu à manger. J’étais à Dioulabougou, à Gagnoa, je lavais la marmite le soir, j’étudiais sous les lampadaires, je vendais des chewing-gums dans les cinémas, pour pouvoir gagner un peu et aller à l’école, mais aujourd’hui je suis Président. Vous également, si vous n’avez pas d’électricité chez vous, allez étudier sous les lampadaires. Si dans le village, il n’y a pas d’électricité, achetez une lampe torche pour étudier.
Il faut être riche par son travail, Il faut se battre dans la vie pour réussir. Il ne faut pas considérer que la pauvreté des parents est un frein à la réussite. Travaillez, c’est parce que les jeunes ne travaillaient pas qu’on a pu les manipuler pour prendre des armes. Je m’adresse à présent aux filles : « avant quand nous étions jeunes, les parents disaient : « Je vais mettre les garçons à l’école et les filles vont s’en sortir avec un bon mari. » Cette idée ne tient plus la route aujourd’hui. Le garçon qui veut se marier actuellement ne cherche pas des problèmes, il cherche des solutions à ses problèmes. Les filles travaillez, on va ouvrir un collège pour les jeunes filles ici à Man. Allez à l’école et formez-vous sinon vous êtes perdus, la Côte d’Ivoire est perdue. Si je suis sur le soleil en train de parler, c’est pour vous. J’ai déjà fait ma vie, si je gagne les élections c’est pour vous, c’est vous qui allez avoir du travail, c’est vous qui allez être scolarisés.
Donnez-moi vos suffrages pour que je prépare la Côte d’ Ivoire de demain. Une Côte d’Ivoire où les jeunes agriculteurs sauront lire et utiliser des machines agricoles. Man doit redevenir la capitale de toute cette région. Nous avons un grand projet qui s’étend d’ici jusqu’à N’Zérékoré. J’attends vos voix pour qu’à partir du 1er novembre 2010, nous commencions à travailler. Allez retirer vos cartes d’électeurs et vos cartes d’identité. Donnez-moi vos voix pour que je puisse faire de vous ce que vous souhaitez. Mes adversaires se promènent partout, ils donnent de l’argent pour qu’on vote pour eux, moi, le peuple me donne les moyens pour faire ma campagne. Telle est la différence entre eux et moi.